Que serait un bon super-héro sans un excellent super vilain ? À l’instar de Flash, Batman et Spider-man, le Super Animateur dispose de sa “galerie des méchants”. Sinon, il n’aurait pas besoin d’autant de supers pouvoirs…                                                                                                                                Avec cet article, je clôture une série de 4 articles dédiés à la gestion des participants difficiles et qu’on a surnommée, sans nul jugement et pour rester dans la thématique du blog : les supers vilains.

On est les méchants !

Les supers vilains, ce sont ces personnes qui donnent du fil à retordre à l’animateur. Pour des raisons volontaires ou inconscientes, ils rendent difficile la tâche d’animer. Il est donc important de savoir les identifier et d’apprendre comment interagir avec eux.

Je rappelle que pour les besoins de cette quadrilogie, j’en ai identifié 12, que j’ai regroupé en 4 catégories (ça en fait du vilain). J’en traite une à chaque fois, en allant dans le détail pour chaque vilain identifié.

J’en profite aussi pour remercier les Supers Animateurs de la Ligue, notre groupe Facebook, qui m’ont aidé à enrichir cet article en partageant leurs propres techniques et supers pouvoirs secrets.

Dans l’article précédent, nous avons vu : Mr obstiné, contradicteur et testeur. Aujourd’hui, je t’invite à vite découvrir le reste des vilains 😉

 

Les solitaires discrets

On a du mal à classer les trois personnalités qu’on va voir aujourd’hui, dans les Supers Vilains. Ils sont au contraire gentils, limite inoffensifs…
Mais méfie-toi des apparences jeune Super Animateur ! Un-e timide est peut-être seul(e) dans son coin, ne faisant pas de mal à une mouche, mais lorsque tu lui remettras ta fiche d’évaluation à la fin de l’activité, tu en entendras des critiques et des reproches.
Comment donc faire face à ces trois participants aux caractères un peu effacés, isolés et qu’on a, justement, du mal à faire participer dans le groupe ?

 

Vilain N°10 : Timidounette

Un grand classique. Ce sont ces “participants” qui contrairement à leur nom, ne participent pas vraiment. Ils sont effacés, préfèrent être invisibles et ont juste envie qu’on les laisse tranquilles.

Le timide n’est pas à l’aise pour s’exprimer en public, voir s’exprimer tout court, il est difficile à faire parler.

Comment le reconnaître ?

Une personne timide préfère ne pas se mettre en avant. Lors du tour de table de présentation, elle va parler très vite ou passer son tour. Elle peut même déclarer être timide et préférer ne pas être sollicitée. Si on lui demande de se lever ou d’être le centre de l’attention, elle voudra rejoindre sa place comme si on lui avait mise une bombe entre les mains.

Comment faire ?

La motivation principale à intégrer un timide et le faire sortir de son mutisme, c’est le fameux principe du « taux de satisfaction 100% ». Le timide AIMERAIT participer mais il/elle ne PEUT pas, à cause des blocages sociaux. Donc, même s’il ne le dit pas, il compte sur l’animateur pour l’aider à profiter de toute l’expérience.
Voici trois stratégies à adopter pour donner au timide sa chance de briller, comme tout le monde.

        1.Ne pas le brusquer

Eviter au grand jamais de forcer la main à un timide ou de l’interpeller par surprise. Ceci risque de provoquer l’effet inverse. On évitera donc le coup de « je vais choisir au haras quelqu’un pour venir au tableau et nous raconter son histoire : VOUS !!!! ». Non seulement ça va le choquer, mais en plus ça va provoquer un moment de malaise qui te fera passer pour un super vilain. Tu perdras la confiance du timide, mais aussi celle du groupe.

        2.Guetter les “ouvertures” non verbales

Avec le temps, tu commenceras Super Animateur à mieux analyser le langage du corps de tes participants. Tu sauras quand ils seront réceptifs, distraits, fatigués…etc.
Les postures fermées par exemple (bras croisés, pieds joints, tête baissée…) signifient qu’une personne est sur la défensive ou qu’elle n’est pas ouverte à la participation. Par contre, le menton sur les poignets, ou le buste avancé, signifient souvent qu’une personne s’intéresse et souhaite s’exprimer.
Une fois que tu as identifié un-e timide, de temps en temps il faudra voir s’il a changé sa posture (différente de la posture qu’il a par défaut). Tu pourras ainsi déceler le changement et profiter de ces petites ouvertures pour l’interpeller.

        3. Provoquer des prises de paroles tournantes

Il existe des exercices ou outils qui font que tout le monde doit s’exprimer, le tour de table étant l’exemple le plus simple et basique. Un timide sait que tout le monde doit passer et donc, il n’a pas été « désigné » ou « obligé ».
On peut reproduire la mécanique du tour de table pour provoquer des prises de paroles diversifiées. Ainsi, on garantit que chaque participant puisse, au moins une fois, participer en toute sécurité. Par exemple, si tu proposes des travaux de groupe, demande à ce qu’à chaque fois, les personnes qui présentent le résultat du travail soient différentes.

 

Vilain N°11 – Tourista

Une formation ? Mouais… Why not.
Voilà l’état d’esprit par lequel cette personne s’est retrouvée face à toi. Invitée sans connaitre le contexte ou forcée par son hiérarchie à prendre part à une activité. Elle y voit plus un échappatoire à sa routine, qu’une opportunité de prendre part à une activité de groupe, de produire quelque chose ou d’apprendre.

Comment le reconnaître ?

“Le touriste” fuit tout contact oculaire avec toi. Il préfère garder le regard rivé sur son téléphone. Si tu proposes un exercice participatif, il décline gentiment, en sortant un prétexte du genre « je suis un peu malade » ou « je ne suis pas à l’aise ». Il y a de fortes chances qu’il quitte au milieu de l’activité.

Que faire ?

Tout d’abord, il faut comprendre qu’une personne fondamentalement non motivée à prendre part à une activité, n’est pas à compter comme « membre du groupe de participants ». Cette personne s’est exclue d’elle-même et se présence ou son absence sont en quelque sorte pareilles.
Ceci dit, il est préférable d’en prendre compte. Selon son état d’esprit, cette personne peut constituer un défi, une perturbation ou un élément toxique. Nous allons donc voir une stratégie pour chacun de ces cas :

        1. Se lancer le défi de l’inclure

Si tu vois, ne serait-ce, qu’une once d’espoir que cette personne pourrait être « convertie », alors ça vaut la peine de se lancer un défi de Super Animateur et de tenter de susciter son intérêt.
D’abord, fait un test en animant un brise-glace ou en proposant un exercice individuel. Si ton touriste s’y intéresse juste un peu, c’est qu’il est au moins ouvert à l’idée de se laisser séduire.
Il faudra à ce moment là, engager une discussion avec la personne et l’amener à voir qu’il y a quand-même un intérêt à prendre part aux activités. Peut-Être qu’on lui a forcé la main ou qu’elle est juste venue pour voir, mais elle a des centres d’intérêts, non ? Et si elle trouvait dans cette réunion ou cette formation des choses qu’elle pourrait apprendre ?
S’il est collé à son téléphone sur les réseaux sociaux, peut-être qu’il pourrait publier en temps réel sur ta page ou faire des lives. Soudain, il devient utile tout en continuant à faire ce qu’il aime faire.

        2. L’ignorer royalement

On appliquera ici la stratégie proposée pour le mystérieux observateur. Il faut pouvoir écarter cette personne de ton champs de vision. Imagine en fait qu’elle n’est même pas là. De toute façon, son objectif est de passer inaperçue et de survivre à la durée de l’activité. Donc, autant lui offrir ce qu’elle cherche. Ceci te permettra de maintenir ta concentration et garantira au passage ta tranquillité d’esprit.
Ignorer peut aller même jusqu’à ne pas l’impliquer dans certains exercices. Dans des travaux de groupe, le touriste ne va pas peser grand chose ; il faut le compter comme une chaise vide. Ceci dit, lors d’une activité en binôme, il peut empêcher une personne de profiter de ton animation, puisqu’il ne jouera pas son rôle convenablement.
Mieux vaut donc trouver une parade à ce genre de situation. Tu peux, par exemple, proposer que le touriste soit ton assistant durant l’exercice, en lui demandant de prendre des photos ou de surveiller le temps.

        3. L’écarter

Si en plus d’être touriste, ce participant dérange, il ne faut pas hésiter à lui demander de quitter l’espace de l’activité. Il m’est arrivé de demander à des participants-es à une formation de venir le matin pointer sur la feuille de présence et de prendre le reste de leur journée.
Ceci est un cas extrême lorsque cette personne devient réellement toxique et perturbante. Parfois, un touriste ne se contente pas de traîner, il veut que l’espace de la formation devienne une destination touristique. Il veut donc s’amuser, discuter avec les autres. Il prend même l’initiative de te demander de « multiplier les brises-glace et réduire les présentations en diapo… ». Il peut aussi devenir contradicteur si on ne lui fournit pas ce qu’il demande.
À ce moment là, le compromis de le laisser « s’en aller » est la meilleure solution pour tout le monde.
Selon le cadre, il faudra peut-être en référer aux responsables (entreprise qui te contractualise, responsable,…) pour expliquer la situation avec bienveillance : cette personne est une erreur de casting et il est préférable pour tout le monde qu’elle ne reste pas.

Vilain N°12 – Lord Ego

La combinaison fatale entre un touriste et un testeur. En fait, ce participant n’est pas motivé par l’activité. Non pas parce que ça ne l’intéresse pas, mais parce qu’il considère qu’il n’a rien à faire ici, qu’il est au-dessus de tout ça et qu’il est un peu supérieur aux autres.

 

Comment le reconnaître ?

Assez complexe à diagnostiquer d’emblée, car ce participant a un caractère un peu caméléon. Au début, tu te diras que c’est un testeur, puis un contradicteur, ou alors un touriste. Il agit souvent comme un mystérieux observateur, mais lorsqu’il prend la parole, il devient un véritable obstiné.

Donc si tu as tout ça, plus une véritable sensation de malaise vis-à-vis de cette personne, c’est que ton instinct ne te trompe pas. Tu as à affaire à un participant à l’ego surdimensionné qui s’est mis en compétition avec toi, sans être réellement engagé dans l’activité.

Que faire ?

Dans l’absolu, c’est son droit d’être hautain et vaniteux et tu n’es pas là pour gérer l’ego. Mais le souci avec cet énergumène, c’est qu’il est dur de l’ignorer. Il interviendra de temps en temps pour te tester, te poussera à changer des choses pour ensuite ne pas s’y intéresser…etc.

Il faut en fait trouver un juste dosage entre l’ignorer et le gérer de manière diplomatique. Bref : devenir toi-même un caméléon.

        1. Fais un “ego check”

L’ego-check est une expression anglaise signifiant “remettre son ego au placard”.

Monsieur ou madame supérieur-e se met en compétition avec toi, mais si tu ne participes pas à la course, y’a pas vraiment de compétition, non ? Il/elle finira donc par s’essouffler et lâcher l’affaire.

Si Superman ou Batman suivaient leur ego, Lex Luthor et le Joker seraient morts depuis bien longtemps. Mais ce qu’ils font, ils le font pour la justice et pour défendre le citoyen. Donc toi aussi Super Animateur, rappelle-toi que tu as un objectif atteindre et un engagement vis-à-vis des participants.

Alors, mettre ton ego de côté, est la première étape pour ne pas avoir une relation passionnelle et tumultueuse avec un ego-maniaque.

        2. Associe-le

S’il en connait autant sur le sujet et qu’il maîtrise l’animation tout aussi bien que toi, il pourrait devenir une sorte de co-animateur ! Propose-lui donc d’animer des exercices s’il les connait ou d’intervenir sur un sujet qu’il semble maîtriser. Fais-le avec sincérité pour lui montrer que tu valorises son savoir et que tu n’es pas en train d’ignorer sa présence.

Flatter les égocentriques est connu pour être le meilleur moyen de leur faire baisser leur garde.

S’il a l’occasion de montrer ce dont il est capable, il gagnera lui-même en humilité et se sentira un peu plus impliqué dans l’activité.

Ce n’est pas tout de suite gagné mais au moins, tu auras fait un bon pas vers une relation “collaborative” plutôt que “compétitive”.

Toutefois, méfie-toi des personnalités gourmandes qui risquent de carrément te voler la vedette et de te mettre sur la touche. L’animateur… c’est toi !

 

Vaincre les méchants et conquérir tout le monde !

Un Super Animateur doit toujours se donner comme objectif de gagner le respect et la reconnaissance de l’intégralité du groupe. C’est pour cela qu’il est important de toujours tenter d’impliquer les participants isolés.

Mais parfois, le fait de s’engager dans des tentatives de dialogue avec ces personnalités peut nous faire perdre du temps et nous décrédibiliser. Il est donc important de connaitre quand est-ce qu’il faut laisser tomber et les ignorer, voire les mettre à l’écart.

Tout est une question de dosage et d’équilibre, chose qu’on apprend avec la pratique et l’expérimentation.

Cet article clos la série d’articles sur participants difficiles, alias : Supers Vilains. Je te remets ici les liens des 3 articles précédents :

Et toi Super Animateur, as-tu tes propre méthodes pour neutraliser, sans entrer en conflit, les différents profils qu’on a vu ensemble ?

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3 commentaires

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