Un super animateur a toujours un objectif. Il a aussi un deuxième objectif, plus personnel. J’appelle ça un “méta-objectif”, ou l’objectif de l’objectif… très “inception” en effet.

Le méta-objectif, pour faire simple, est le but que tu te fixes à toi-même avant de te lancer dans une animation.

Introduction

Supposons que tu dois animer une “réunion”. Tu vas suivre ma méthode pour te fixer un objectif, ce qui va donner : “les membres de mon équipe ont élaboré un plan d’action”.

Ceci va te permettre de décider de l’ordre du jour, de la méthodologie, des techniques à utiliser et de comment tu vas gérer le temps, par exemple.

Mais tu peux aussi te dire, à un moment donné : j’ai aussi envie que la réunion soit un moment de détente et qu’elle renforce les liens entre les membres de l’équipe.

Voilà ! Tu viens de te fixer un méta-objectif. Le méta-objectif est donc une “intention” que tu auras et qui va plutôt dicter la “façon” dont tu vas animer.

La différence fondamentale entre un objectif classique et un méta-objectif, est que l’un est visible, l’autre est caché.

Tu n’auras aucun mal à afficher clairement “l’objectif de la réunion” ; par contre, ton méta-objectif est plus personnel et ne fonctionne que s’il reste à ton niveau.

 

Parlons transport

Laisse-moi te raconter une petite histoire qui illustre très bien tout cela.

On m’a sollicité une fois pour animer une formation sur “la relation client”, auprès d’une entreprise de transports. Je devais, chaque jour, former un groupe d’une dizaine de personnes, à la communication non violente et à la gestion de conflits.

À peine arrivé sur site, le directeur des ressources humaines me prend à part et me dit : “il y’a un climat social exécrable en ce moment, les agents de contrôle que tu vas former sortent d’une grève où ils n’ont pas obtenu gain de cause, la plupart vivent cette formation comme une contrainte ; pour ne pas dire “insulte”.”

Je l’ai imaginé ajouter “sinon… bon courage !” puis filer comme un personnage de cartoon. Bonjour l’ambiance !

En effet, dès mon premier contact avec le premier groupe, j’ai compris que j’étais en territoire inconnu, sur un terrain hostile.

Les agents de contrôle considéraient cette formation comme une réponse à leurs revendications, mais pas celle attendue. Ils avaient demandé de meilleures conditions de travail, plus sécurisées, on leur a répondu : “c’est vous qui ne savez pas parler aux gens, on va vous apprendre à être moins violents”.

J’imagine la direction ajouter “espèces de brutes !” puis s’enfermer derrière des barreaudages en fer.

 

Le premier loupé

J’ai plutôt raté ma première session. Je suis resté focalisé sur “mon objectif” et j’ai suivi mon programme. J’avais du mal à avancer dans les différentes activités puisque je n’avais pas l’engagement total des participants.

Ils ne prenaient jamais spontanément la parole, certains ont même boycotté les brise-glaces. J’ai perdu beaucoup de temps à gérer les discussions hors sujet. En effet, chaque fois que je faisais des mises en situation, ils revenaient sur la grève et sur l’incompétence de leurs dirigeants.

Bref, sans parler de “désastre”, disons que ce n’était pas mon plus beau moment de gloire.

 

Que faire ?

Le soir même et en préparant la session du lendemain, avec un groupe différent, j’ai analysé la situation et compris que je devais changer quelque chose.

 Suivre aveuglément mon programme n’allait mener nul part. J’ai donc écrit, sur une feuille de papier “Quel est mon objectif ?”.

Je me suis rendu compte que j’avais deux réponses à cette question. La première, évidente et que j’avais déjà, était “initier des agents de contrôle à la communication non violente afin d’améliorer leurs relations avec les clients”.

La seconde, plus subtile et que j’ai eu du mal à formuler, était : “contribuer à améliorer positivement le climat social de l’entreprise en sensibilisant les agents de contrôle à l’importance du dialogue”.

 

Se fixer un méta-objectif

Je me suis rendu compte que les deux objectifs se rejoignaient. Que ce soit dans le dialogue avec un client ou avec son directeur, la communication non violente a le même principe fondateur.

Autrement dit, je n’avais pas à toucher grand chose dans le programme ou dans le contenu. Ce que je devais changer, c’était ma façon d’animer et d’interagir avec les participants.

J’avais compris qu’en plus d’être formateur, j’avais besoin d’endosser, le temps d’une journée, le rôle de thérapeute.

 

Qu’est-ce qui change ?

J’ai d’abord modifié mon attitude. Lorsqu’un participant me sortait un “hors sujet”, je ne cherchais pas à le “recadrer” mais je me posais tout de suite la question : “comment relier cet exemple avec ce que l’on est en train d’apprendre ?”

Ce tout petit changement a été suffisant pour fluidifier le programme. En plus, j’étais plus apaisé car je ne me sentais pas constamment en “lutte” contre le groupe.

J’ai ensuite modifié mes introductions d’exercices. Au lieu d’expliquer l’exercice directement et de le lancer, je prenais d’abord le temps de le relier avec le contexte de l’entreprise. Je démontrais, par exemple, qu’il y avait des facteurs qui étaient hors de contrôle des agents.

S’ils s’obstinaient à vouloir les changer, ils resteraient frustrés et insatisfaits. Par contre, ils avaient une marge de manœuvre pour “se sentir mieux”, en travaillant sur leur communication.

Ces quelques minutes supplémentaires au début de chaque exercice, m’ont permis de diluer “la thérapie de groupe” et de rendre mes exercices plus intéressants.

 

Confidentialité

C’est ainsi qu’on comprend pourquoi, dans la plupart des cas, un méta-objectif doit rester au niveau de l’animateur. Imaginez que je vienne et que j’annonce sur une diapo “J’ai pour objectif de vous convaincre que ce n’est pas vos employeurs qui ont tort, mais que ni vous ni eux, ne faites l’effort de mieux communiquer”.

Les participants m’auraient chassé avec des tomates.

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On peut, si les conditions le permettent, “révéler” son méta-objectif à la fin d’une session. C’est une chose que je recommande, par souci de transparence et de crédibilité. Il existe une ligne très fine entre “cacher” et “manipuler” et un super animateur doit toujours agir avec respect envers ses groupes.

 

En pratique

Que peut-on conclure de cette histoire ?

On se fixe un objectif.

Ensuite on se fixe un “méta objectif“.

Le méta-objetif peut prendre différentes formes :

  • Avoir l’intention d’améliorer quelque chose au sein du groupe, qui ne soit pas en lien direct avec le sujet de l’animation ;
  • Vouloir expérimenter une nouvelle méthode ;
  • Chercher à renforcer ses compétences d’animateurs en mettant le focus sur l’une des caractéristiques.

Il faut en être pleinement conscient pour pouvoir l’intégrer dans sa démarche.

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Catégories : Le Blog

2 commentaires

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Dynamique de groupe (1/4) : le blason et l'identité du groupe - Super Animateurs · juillet 18, 2018 à 7:00 pm

[…] Le défi pour l’animateur est double, car il peut s’appuyer sur l’exercice pour faire ressortir les forces et les failles internes au groupe : sa capacité à communiquer, à trouver du consensus, à jouer avec les concessions, à trouver des solutions créatives… […]

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